Article de la VDN (lien de l’article https://www.lavoixdunord.fr/1096382/article/2021-11-09/bully-les-mines-des-serviettes-au-lycee-pour-lutter-contre-la-precarite)
Marine et Marissia, élèves en deuxième année de CAP à Léo-Lagrange ont consacré leur projet de fin d’étude à la lutte contre la précarité menstruelle. Grâce au soutien de la Croix Rouge, elles organisent la mise à disposition de plus de 3 000 protections hygiéniques pour les étudiantes.
« Pour un produit qui finit à la poubelle, c’est trop cher », tranche Marissia. « C’est un vrai budget, encore plus si on est plusieurs filles à la maison », ajoute Marine. Les deux ados de 16 ans en deuxième année de CAP commerce au lycée Léo Lagrange de Bully, ont bien conscience de l’existence de la précarité menstruelle, et surtout de son caractère anormal. « C’est une discrimination envers les filles qui doivent mettre le prix, à la différence des garçons. » En France, on estime qu’environ 1,7 million de femmes n’ont pas les moyens de se procurer régulièrement des protections périodiques et qu’environ 130 000 collégiennes et lycéennes manquent les cours chaque année pour cette raison.
Une première avec la Croix Rouge
Les étudiantes ont décidé de transformer leur projet de fin d’étude en engagement avec la mise en place de distributeurs de protections hygiéniques à l’intérieur du lycée pour la première fois. « On a fait un sondage au lycée, 60 % des retours étaient positifs. » Les lycéennes se lancent dans la chasse aux serviettes. « Elles ont contacté plusieurs fournisseurs, mais leurs démarches n’aboutissaient pas », expose Valérie Bourel, prof d’éco gestion. « Always, Nana, Vania, Dans ma culotte… égrène les lycéennes. Nana nous a conseillées de contacter La Croix Rouge avec qui elle a un partenariat. »
Cette fois, ça mord. « Il y a vingt boîtes qui contiennent six paquets avec 28 serviettes à l’intérieur (3 360 protections au total) », renseigne Louis Létoquart, responsable de la plateforme logistique de Mazingarbe. Avec, l’association a fait don de deux distributeurs, d’une valeur de 95 €. « On a un peu de stock grâce à nos partenariats, ce qui nous permet de démarrer doucement l’initiative. »
« C’est une discrimination envers les filles qui doivent mettre le prix »
Tous les six mois, l’association reçoit 5 000 paquets à distribuer dans les Hauts-de-France. « C’est notre premier partenariat avec un établissement, expose Alain Leroy, vice-président de la Croix Rouge Béthune Bruay Auchel à l’œuvre sur cette opération. On espère pouvoir l’élargir et recevoir des subventions pour en financer d’autres. »
« C’est beaucoup de stress, on ne sait pas comment vont réagir les élèves, ce que les filles vont en faire, s’inquiète Marissia. On a peur qu’elles en prennent trop d’un coup, ou que les protections finissent dans les toilettes. » Le premier distributeur est opérationnel à l’infirmerie depuis la rentrée, la réflexion se poursuit pour le lieu d’installation du second. « C’est vraiment pour les urgences, insiste la lycéenne. Ça peut arriver à n’importe quelle fille de ne pas pouvoir s’acheter des serviettes. »
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